Voyage Guyane Avril 2009

Dominique (♀) a dû se rendre à Cayenne pour des raisons professionnelles et nous en avons profité pour visiter pendant 10 jours la Guyane Française. Ce Département d'Outre-mer a une superficie de 90 000 km2, c'est-à-dire un sixième de la France métropolaine. Très proche de l'équateur, la Guyane ne connait pas de cyclones comme les îles des Antilles. Après le petit été de Mars relativement sec, les pluies reprennent en général en Avril. Pendant nos 10 jours en Guyane, nous avons essuyé quelques fortes pluies tropicales – rien à voir avec un crachin breton ! – mais avons eu plusieurs belles journées pour nous promener en forêt ou sur les fleuves en pirogue.

En trois heures de vol depuis la Guadeloupe, nous sommes arrivés à Cayenne. Nous avions trouvé comme logement les chambres d'hôte du 9ème RIMA. Comparée à Basse-Terre, Cayenne est une ville spacieuse... mais que la mangrove fluctuante sépare de la mer. La population de la ville est très hétéroclite avec des Européens, des descendants d'esclaves, mais aussi des libanais et des chinois qui s'occupent du commerce... et des brésiliens au statut incertain. La cuisine brésilienne nous a charmé au point que nous sommes allés deux fois dans le même restaurant. Un séjour de quelques jours dans cette ville est supportable, mais nous n'envisagerions pas d'y vivre. Surtout que la couleur de la mer toute proche, chargée en limon de l'Amazone, n'invite pas du tout à la plongée sous-marine. "Quand on a de la chance, on peut voir ses palmes", nous avait-on dit!

Pour le WE de Pâques, nous sommes partis en avion vers Maripasoula, petite ville plantée au bord du Maroni à 300 km de la côte. Nous avons alors rejoint un gîte à une heure de pirogue en remontant l'Inini. Le petit avion emmenait une petite vingtaine de passagers, dont deux jeunes mamans qui étaient venues à Cayenne accoucher. Nous avons survolé une épaisse forêt vierge trouée par endroits par des sites d'orpaillage dont beaucoup devaient être clandestins et illégaux. La préservation de l'environnement ne semble pas y être une préoccupation majeure! Le gîte de Tolenga est tenu par une directrice d'école qui a longtemps vécu en métropole: elle nous a décodé de nombreux aspects de la vie en Guyane, que ce soit au niveau des habitants que de la nature. Nous avons assisté au transport d'une pirogue taillée en forêt dans un grand tronc d'arbre. Le bois ne manque pas, mais son transport jusqu'au fleuve ou au village n'est pas chose facile.

Dans cette végétation particulièment dense, le fleuve constitue le lien entre les personnes. Au moyen de la pirogue, nous avons pu explorer les environs, la forêt et les villages d'améridiens. Triste impression lorsqu'on arrive dans un village améridien et que l'on voit un panneau mentionnant la subvention de l'Europe pour le réseau d'alimentation en eau. L'eau potable est-elle plus importante que la survie des cultures anciennes? Sur le fleuve, la gendarmerie a installé des barrages flottants: non pour contrôler l'immigration clandestine, mais pour limiter l'orpaillage illégal. Le Maroni est censé être la frontière avec le Surinam, mais les pirogues passent d'un coté à l'autre en fonction des bonnes affaires.

Après 3 jours sur une autre planète, nous sommes retournés à Cayenne. La civilisation... En nous promenant sur une plage à la tombée de la nuit, nous avons croisé une énorme tortue luth qui commençait à creuser pour y déposer des œufs. Un autre soir, nous sommes retournés sur cette plage à la nuit noire et des petits groupes de curieux surveillaient plusieurs tortues en train de pondre. Un dur labeur pour ces animaux plus adaptés à la vie marine, mais l'instinct de survie de l'espèce fait des miracles. Les mesures de protection semblent commencer à faire leur effet, les tortues étant plus nombreuses chaque année.

Notre voiture de location nous a permis d'explorer les environs proches de Cayenne (moins de 100 km!). Tout d'abord le village de Cacao vers le sud-est où se sont installés en 1977 les Hmongs. Ces réfugiés politiques originaires du Laos se sont depuis spécialisés dans le maraîchage. Nous nous serions bien mangés un pho dans un petit resto! Le lendemain, saut dans un autre siècle avec la visite du centre spatial de Kourou. Un monde hyper-technologique avec des mesures de sécurité dignes d'une centrale nucléaire. Pourtant, aucun lancement n'était au programme dans les jours suivants.

Le dernier jour de notre séjour en Guyane fut consacré à la visite des Îles du Salut. Propriété actuelle du Centre National d'Etudes Spatiales pour sa proximité de Kourou. Une plongée dans les pages sombres de l'histoire. Quand la France des Droits de l'Homme ne savait que faire de ses déliquants... juste les laisser mourir à petit feu de la fièvre jaune. Le plus célèbre des pensionnaires des îles fut Alfred Dreyfus qui passa des journées à regarder la mer sans jamais désespérer de voir son innocence enfin reconnue. Ecris-moi souvent, écris-moi longuement!
 

Et voici quelques photos de notre voyage ...